Suite au décès d’un proche, vous et les autres cohéritiers vous retrouvez bloqués en indivision sur un bien immobilier dont la vente pose problème. Désaccord sur l’estimation du bien et la fixation du prix de vente, sur le rachat des parts d’un des cohéritiers, silence d’une des parties qui refuse de signer… Autant de raisons qui vous poussent à vouloir débloquer la situation au plus vite pour sortir de l‘indivision. Sachez que même en cas de désaccord entre les indivisaires il est possible de sortir de cette situation.
À l’ouverture d’une succession, en présence de plusieurs héritiers, ces derniers vont se retrouver ensemble propriétaires des biens contenus dans le patrimoine du défunt. On parle alors d’indivision. Cette situation reste bien entendu encadrée par des règles strictes, notamment en ce qui concerne la gestion du patrimoine.
Cependant cette situation d’indivision peut vite devenir source de conflit entre les indivisaires : certains veulent vendre et d’autres pas, désaccord sur la gestion (certain ne voulant pas participer aux charges d’entretien) …
Rassurez-vous si vous êtes dans cette situation, car « nul n’est censé rester dans l’indivision », pose le Code civil.
Vous vous questionnez sur la cession d’un bien indivis ? Sachez qu’en principe, les actes de disposition, c’est-à-dire les actes transmission de droits doivent être décidés à l’unanimité. Toutefois, ce principe manque de flexibilité et entraine, bien souvent des situations de blocage puisque lorsqu’un indivisaire s’oppose à la vente du bien immobilier, tout est bloqué.
Le législateur est donc intervenu pour faciliter les cessions :
L’article 815-5 du Code Civil permet désormais à un co indivisaire de passer seul un acte lorsque le refus d’un ou plusieurs autres indivisaires met en péril l’intérêt commun. Le second article 815-6 dispose que « le président du tribunal de grande instance peut prescrire ou autoriser toutes les mesures urgentes que requiert l'intérêt commun ».
En d’autres termes le principe de l’unanimité pourra s’appliquer lorsque le refus d’un indivisaire met en péril l’intérêt commun ou lorsque les indivisaires représentants au moins deux tiers des droits forment une demande auprès du Tribunal de Grande Instance, le juge pourra autoriser la vente d’un bien indivis sous certaines conditions.
À titre informatif, lorsqu’un indivisaire est hors d’état de manifester sa volonté, la règle de l’unanimité ne s’appliquera pas. Un autre indivisaire sera habilité à le représenter.
La protection des parties faibles est strictement encadrée. Lorsqu’un indivisaire souhaite vendre un bien, il devra exprimer son intention devant le notaire qui disposera d’un mois à compter de la notification pour en informer les autres indivisaires. Ces derniers devront soient accepter la vente ou s’y opposer. Lorsqu’un indivisaire ne répond pas, ce sera au Tribunal de Grande Instance de prendre la décision après que le notaire ait dressé un procès-verbal.
La Cour de Cassation est venue confirmer par un arrêt du 4 décembre 2013 (C.Cass, Civ I ; pourvoi n°12-20158) que la vente d’un bien indivis était possible sans l’accord de tous les indivisaires. Pour que le juge autorise un co-indivisaire à passer unilatéralement un acte de vente d’un bien immobilier en indivision, il faut donc qu’un indivisaire nuise à l’intérêt commun des autres indivisaires. Autrement dit, bien que le principe soit celui de l’unanimité des co indivisaires pour décider de la vente, il sera possible pour un co-indivisaire de passer seul un acte de vente lorsque le juge, en cas d’urgence, estime que le refus d’un héritier peut mettre en péril l’intérêt commun des indivisaires.
Pour éviter un tel écueil, les héritiers peuvent conclure une convention collective écrite pour établir les règles de fonctionnement de l’indivision. La convention d’indivision devra inclure la liste des biens ainsi que le droit de chaque indivisaire. Ainsi, jusqu’au partage, les indivisaires pourront par exemple anticiper le paiement de factures et différents frais d’entretien jusqu’au jour de la vente. Toutefois, il convient d’être accompagné par un professionnel du droit pour rédiger une convention protégeant les droits de chaque cohéritier.