Déshériter son enfant est une chose peu commune. Il est pratiquement impossible de le faire en France, en raison de la réserve héréditaire. Cependant l’enfant indigne peut être écarté. Que recouvre cette notion ? Dans quelles mesures peut-on déshériter son enfant ?
L’héritage d’une personne se répartit selon les règles de la dévolution successorale. Cette dévolution sera différente selon que le défunt laisse un conjoint ou non.
En l’absence de conjoint survivant, l’ensemble de la succession se répartira entre les descendants, les ascendants et les collatéraux comme suit :
Dans le cas où il reste un conjoint survivant, le patrimoine sera réparti entre les enfants et le conjoint. Ainsi si tous les enfants du de cujus sont issus des deux époux, les enfants auront soit la totalité en nue-propriété (dans le cas où l’époux aurait opté pour la totalité en usufruit), soit trois-quarts en pleine propriété (dans l’hypothèse où l’époux aurait choisi le ¼ en pleine propriété).
Si par contre les enfants du défunt sont issus d’un premier mariage, le conjoint survivant n’aura pas d’option possible. Il héritera du quart en pleine propriété.
L’enfant est donc prioritaire et roi de la succession de son parent défunt. On lui reconnait en plus la qualité d’héritier réservataire de telle sorte qu’on ne peut pas l’empêcher d’hériter.
Excepté un cas ! Si l’héritier est reconnu indigne à succéder, il n’aura plus aucun droit dans la succession. On dit qu’il est déchu du droit à hériter. Il faut qu’une déclaration d’indignité soit prononcée pour que cet héritier ne bénéficie pas du patrimoine successoral.
L’enfant qui est condamné à une peine criminelle ou correctionnelle ayant un rapport avec le décès de ses parents, ne sera donc pas concerné par la succession.
Pour être apte à succéder, il faut être vivant à l’instant même du décès et ne pas avoir été déclaré indigne par la loi en raison de torts graves causés au défunt.
L’héritier qui a commis une faute grave est exclu, ou peut être exclu selon certains cas, de la succession d’une personne dont il devrait hériter. La déclaration d’indignité est prononcée après l’ouverture de la succession par le Tribunal de Grande Instance à la demande d’un autre héritier.
Certains actes excluent automatiquement son auteur de la succession, tandis que d’autres laissent seulement entrevoir la possibilité de l’exclure.
S’agissant des cas automatiques d’exclusion, l’article 726 du Code civile prévoit que l’indigne doit avoir été condamné à une peine criminelle :
S’agissant des cas pouvant exclure un héritier de la succession, l’article 727 du Code civil prévoit que l’héritier doit avoir été condamné :
Dans ces dernières hypothèses, l’exclusion de la qualité d’héritier n’est pas automatique. En effet, le défunt pourrait préciser par une déclaration expresse de volonté, en principe par testament, qu’il souhaite maintenir dans ses droits héréditaires, l’auteur de ces actes dont il a eu connaissance, ou lui faire une libéralité universelle ou à titre universel.
En tout état de cause, la qualité d’indignité successorale, doit être établie soit par un autre héritier auprès du TGI, soit par le ministère public. Attention les délais sont extrêmement courts : vous ne disposez que de six mois après le décès.