L’exemple illustrant ce type de situation est simple : une personne qui arrive à convaincre une autre personne atteinte d’Alzheimer d’ouvrir une assurance-vie à son nom ou encore de changer le bénéficiaire d’une assurance-vie déjà existante en sa faveur. Cette personne peut être une personne proche (membre de la famille, amis) ou une personne ayant moins de connexion (voisins, commerçant). La personne malade qui n’est pas en complète possession de ses facultés peut parfois juger à un moment précis qu’un tel changement de bénéficiaire est une bonne chose.
La protection juridique des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer est très instable : il n’existe pas de réelles garanties pour les malades en cas d’abus commis en vue de détourner tout ou une partie de leur patrimoine. Il existe donc une nécessité de vigilance : en effet, la maladie d’Alzheimer dans ses premiers stades ne permet pas toujours la mise en place sous tutelle. Néanmoins, l’altération des facultés peut être telle que les capacités de discernement des personnes soient déjà assez diminuées pour qu’elles ne soient pas complètement conscientes des actes qu’elles accomplissent.
Aussi, même si une personne a procuration sur les comptes bancaires de la personne malade, cette procuration ne vaut pas nécessairement pour les contrats d’assurance-vie. Seul le titulaire du contrat d’assurance-vie a le pouvoir d’agir dessus. En cas d’altération des facultés mentales se manifestant notamment par le biais de la maladie d’Alzheimer, la personne même malade garde les prérogatives sur l’assurance-vie. Cela peut entraîner deux cas de figure différents : la personne qui a procuration sachant que c’est la personne malade qui reste compétente pour toute action exercée sur son assurance-vie peut essayer d’utiliser sa vulnérabilité en vue de devenir le bénéficiaire de l’assurance-vie, ou encore, dans une autre optique, la personne qui a procuration ne peut rien faire pour protéger la personne malade et empêcher une personne tierce de faire pression sur elle en vue d’être le bénéficiaire de l’assurance-vie.
A ce stade il est indispensable pour les personnes qui soupçonneraient un tel abus sur un de leur proche ou une de leurs connaissances, de rassembler des preuves nécessaires démontrant que les facultés de la personne étaient déjà altérées assez significativement lorsque l’assurance-vie a été ouverte ou modifiée.
Une fois que la maladie d’Alzheimer atteint un stade plus avancé, une des solutions possibles pourrait être la mise sous tutelle de la personne malade : le tuteur bénéficiera d’une procuration sur le patrimoine de la personne souffrant d’Alzheimer, et donc notamment sur l’assurance-vie. Le devoir qui incombe au tuteur de rendre un rapport annuel au juge des tutelles peut jouer à titre préventif contre les risques d’abus.